Voie verte Nord-Ouest de Lambersart : 1,25 million d’euros pour un tronçon isolé
La mairie de Lambersart vient d’annoncer la construction d’un premier tronçon de la nouvelle « voie verte Nord-Ouest » le long de la voie ferrée, entre la rue de Lille (dépourvue de piste cyclable) et la rue Desmazière.
Ce projet, présenté comme une avancée pour les mobilités douces, coûtera 1,25 million d’euros.
Une nouvelle voie verte est toujours une bonne initiative mais à y regarder de plus près, ce petit tronçon interroge fortement par son isolement et son utilité réelle.
Des priorités oubliées : rénovation et continuités cyclables
Si l’ambition affichée de la mairie de Lambersart est de « favoriser la marche et le vélo », pourquoi ne pas commencer par rénover les trottoirs et pistes cyclables existantes et compléter les itinéraires cyclables interrompus ?
Pour la pratique du vélo, plusieurs grands axes structurants de Lambersart présentent aujourd’hui des pistes cyclables dégradées ou souffrent d’un manque de continuité :
Discontinuité cyclable avenue de l’Hippodrome
Avenue de l’Hippodrome : seule la portion rénovée entre Lille et boulangerie Auguste et Ferdinand est bien aménagée.
Au-delà, la piste cyclable disparaît avant chaque carrefour et son état général est dégradé.
Discontinuité cyclable axe Ouest / Est
Sur l’axe avenue du Bois – Delecaux – Auguste Bonte – avenue de Dunkerque, ici encore, les discontinuités sautent aux yeux.
Une belle voie verte débute avenue du Bois, mais elle laisse place à une piste dégradée avenue Delecaux, puis à une piste étroite et vieillissante rue Bonte, avant de disparaître complètement après le croisement de la rue de la Carnoy en direction du métro Pont Supérieur avenue de Dunkerque.
Ces lacunes rendent les déplacements à vélo peu sûrs et peu attractifs sur ces axes majeurs, en particulier pour les familles ou les personnes moins expérimentées.
N’aurait-il pas été plus judicieux d’investir dans la rénovation et la continuité de ces pistes existantes avant de créer de nouveaux tronçons isolés au Nord-Ouest ?
Et les trottoirs de Lambersart dans tout ça ?
Nombre de trottoirs à Lambersart sont aujourd’hui étroits ou endommagés, ne facilitant pas le développement de la mobilité douce piétonne.
C’est le cas sur plusieurs axes structurants comme l’avenue de la République, l’avenue Delecaux, l’avenue Churchill, l’avenue Pottier, la rue de Lille, etc.
Ne fallait-il pas commencer par rénover ces trottoirs, avant de dépenser dans le projet de la voie verte non connectée Nord-Ouest ?
Des conflits d’usage prévisibles ?
Ce nouveau tronçon de voie verte Nord-Ouest sera partagé entre piétons, cyclistes et trottinettistes, après la démolition du trottoir existant.
Mais ce type d’aménagement partagé génère trop souvent des tensions entre utilisateurs.
N’aurait-il pas été plus sécurisant de séparer les usages : une voie pour les piétons, une autre pour les deux-roues ?
Ce ne sont pas les usagers eux-mêmes qui posent problème, la majorité fait preuve de respect et de prudence. Ce sont les aménagements mal pensés qui, en regroupant des mobilités très différentes sur un même espace, créent des situations à risque.
Le mystère de l'avenir du rond-point du Saut du Loup
La création de ce tronçon de voie verte implique également la démolition du rond-point du Saut du Loup, laissant un vaste espace… sans fonction définie.
Le magazine municipal indique que « son usage reste à définir ». Que deviendra cet espace ? Un parc ? Un énième nouveau projet immobilier à Lambersart ?
Une réflexion ouverte dans le cadre d’une vraie démocratie participative, ne devrait-elle pas s’engager dés maintenant, avant les élections municipales de mars 2026 ?
Un projet fragmenté, incertain, et aux perspectives floues
Officiellement, ce petit tronçon isolé de voie verte devrait être complété à l’avenir par d’autres tronçons permettant de relier les berges de la Deûle au métro Pont Supérieur situé avenue de Dunkerque.
Alors, pourquoi ne pas avoir commencé par le commencement et construit le premier tronçon de cette voie verte en partant des Berges de la Deûle ou en partant du métro du Pont supérieur ?
Peut-être parce qu’il existe des obstacles qui rendront impossibles la finalisation de cette voie verte Nord-Ouest :
- Une des sections passerait par les pâtures Bonte, où la mairie soutient un important projet immobilier, encore non signé et dont le résultat des élections municipales de mars 2026 risque de rendre caduque.
- Une autre section longerait la ligne TGV, sur un terrain appartenant à la SNCF, qui refuse de céder cet espace, invoquant des besoins futurs d’extension ferroviaire.
Conclusion : une dépense mal ciblée pour répondre à une promesse électorale non tenue ?
En définitive, ce tronçon de voie verte, non connecté, isolé, partagé entre différents usagers et construit sur des incertitudes, interroge sur sa pertinence réelle.
Pour améliorer la mobilité douce à Lambersart, avec un budget de 1,25 million d’euros, n’aurait-il pas été plus utile de rénover les trottoirs et le les pistes cyclables dégradés et d’améliorer les continuités cyclables des pistes existantes ?
À l’heure où chaque euro compte, les investissements devraient avant tout répondre aux besoins concrets et urgents des habitants, et non à une promesse électorale non tenue.
